Le fils de Slansky dénonce les brutalités et les objectifs politiques de la police
| raw | skeny ◆ článek, francouzsky, vznik: 31. 5. 1978
  • in: Le Monde — 31. 5. 1978, 1978, str. 5

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LE MONDE 31 mai 1978 Page 5 23 EUROPE 2306 Tchécoslovaquie Le fils de Slansky dénonce les brutalités et les objectifs politiques de la police La police tchécoslovaque a recouru ces derniers temps, contre certains signataires de la Charte 77, à des méthodes qui rappellent fâcheusement un passé qu'on croyait révolu (« le Monde daté 28-29 mai) enlèvements en pleine rue, brutalités et mesures d'intimidation. de toutes sortes paraissent désormais faire partie de la panoplie quotidienne des organes de sécurité. Dans un article qui circule actuel વર્ષો થી ૧૬મી près un interrog Le 8 mai, Aldo Moro a été assassiné à Rome par des terroristes inconnus appartenant aux Brigades rouges. Le 16 mai Ivan Médek a été enlevé à Prague par des terroristes inconnus après un interrogatoire à la Sécurité d'Etat Le 19 mai, Jaroslav Matras et Jiri Karlik ont été maltraités dans le bâtiment de la Sécurité à Prague, rue Bartolomejska. Le 22 mai, après un interrogatoire au siège de la police, Bohumil Dolezal a été à son tour agressé par des terroristes inconnus lement sous le manteau en Tchécoslovaquie, M. Rudolf Slansky, le fils de l'ancien secrétaire fils de l'a général du P.C. (pendu en 1952 à l'issue d'un des derniers procès de l'ère stalinienne, puis réhabilité), dénonce le re retour de pareilles méthodes et met en garde contre les objectifs poursuivis, selon lui, par leurs auteurs. Nous publions ci-dessous des extraits de cet article: વન વી 16 mai il voulait rendre visite à son ami Ladislav Hejdanek, porte-parole de la Charte 77 Les policie Les policiers qui montent la garde devant l'appartement de M. Hejdanek l'ont sommé de les suivre au siège de la police, rue Bartolomejska. Au bout de deux heures d'interrogatoire, Ivan Médek fut relâché Au moment où il quittait le bâtiment et alors qu'un policier se trouvait encore à ses côtés sur te trottoir, if fut agressé par deux hommes qui le poussèrent dans une voiture où il fut Si les circonstances de l'enlève- attaché et où on lui banda les yeux. ment et de la mort d'Aldo Moro sont Il fut conduit vers une destination généralement connues, il paraît utile inconnue et battu jusqu'à en perdre en revanche d'apporter quelques pré- connaissance. Lorsqu'il reprit ses cisions sur les cas qui se sont proesprits, il constata qu'il se trouvait duits à Prague. Ivan Médek est un dans une forêt d'où il put gagner à critique musical âgé de cinquante ans. I a signé la Charte 77 et pour pied la localité de Nove-Straseci, cette raison il a perdu son emploi. située à 45 kilomètres à l'ouest de 11. participe aux activités de la Prague. Ivan Médek est un homme commission pour l'aide aux per- malade, les coups qu'il a reçus sonnes injustement arrêtées. Le auraient pu provoquer sa mort. Les passages à tabac Jaroslav Matras et Jiri Karlik sont des travailleurs de Chotebor, petite ville de Bohême orientale. Ils ont signé la Charte 77 il y a quelques jours. Se trouvant à Prague, ils voulaient rendre visite à M. Hedjanek. Les policiers de garde les emmenèrent à la sécurité. Là, ils furent interrogés pendant quatre heures, menacés, insultés et, pour finir battus. Kohout, sa femme, Jelena Masinova, et Ladislas Hejdanek, notamment, ont été agressés par des membres de la sécurité qui n'ont pas été sanctionnés pour autant. Il est parfaitement évident que le but immédiat de ces actions est d'inspirer la peur aux critiques du régime. N s'agit, à l'approche du dixième anniversaire de l'intervention militaire d'août 1968, d'entraver leurs activités, de les Isoler de la société, de liquider le mouvement en faveur des droits civiques et les autres initiatives des citoyens. gés contre des opposants politiques et, parmi eux, figuraient aussi des membres du P.C.T., y compris, des dirigeants qui furent pendus, sans parler des dizaines de milliers d'innocents dans les prisons. Pour empêcher toute évolution positive " La terreur s'attaque aujourd'hul à la structure du pouvoir. Il lui faut freiner une évolution qui exige des mesures positives pour surmonter la crise de notre société et qui apparaissent de plus de plus en plus en plus urgentes et même à certains des membres de la direction actuelle de l'Etat. Elle doit leur inspirer de nouveau peur obéissance, car ils sont tout à fait conscients qu'elle pourrait être dirigée à tout moment contre eux, et ils et très bien, e savent très bien, en outre, que la question de la responsabilité pour la terreur politique dans les années 50 fut, en 1968, l'une des plus délicates et des plus brûlantes. C'est précisément parce que les auteurs des actes terroristes non élucidés n'ont, jusqu'à présent, pas été découverts et que ceux qui sont connus n'ont pas été punis que règne la conviction qu'il ne s'agit pas de faits imputables à des individus isolés, mais que derrière eux se trouve la sécurité d'Etat ou certains de ses membres. Si le pouvoir veut éviter d'être soupçonné d'avoir donné l'ordre d'entreprendre de telles actions ou, tout au moins, de les tolére, en silence, il doit exiger des organes de sécurité qu'ils mettent fin à la terreur, qu'ils recherchent les terroristes et les punisIl est possible que les actes. de violence ainsi commis créent sent. Seule une telle attitude peut Bohumil Dolezal, ancien collaborateur de la revue Tvar et critique littéraire. actuellement programmeur, a, lui aussi, signé la Charte 77. Arrêté également devant la maison de Hedjanek, il fut conduit rue Bartolomejska. Après l'interrogatoire, les policiers lui proposèrent de le reconduire à son domicile. A essaient de tains Au moment où sortait de voiture de police, rue Rimska, il fut assailli par plusieurs hommes. Malgré ses appels à l'aide, les terroristes réussirent à le pousser dans un autre véhicule et à démarrer. Il fut amené dans une forêt près de Pribram, au sud de Prague, où il fut battu et abandonné à son sort. La mort d'Aldo Moro a été le point culminant d'une série d'actes de violence commis par des terroristes de gauche et de droite. Ils ont pour but de créer le chaos en réer le cratique, de le remplacer par un totalitarisme de gauche ou de droite et de réduire à néant le compromis historique entre les forces de la démocratie et du socialisme. à " Quels sont les motifs des attaques terroristes chez nous ? Les agressions des dernières semaines ne sont pas les premiers actes de violence de ce genre. Auparavant. M. Jiri Hajek, premier porte-parole de la Charte 77. avait déjà été attaqué en pleine rue, et la même chose est arrivée à la femme de M Kriegel son domicile. De ce genre de méfaits relève aussi l'envoi de cercueils à Venek Silhan (1), à Frantisek Kriegel (2) et à Karel Bartosek (3). Les auteurs de ces actions n'ont jamais été retrouvés, bien que le ministre de l'intérieur ait déclaré un jour que la sécurité d'Etat était en mesure d'élucider la majeure partie des délits commis en Tchécoslovaquie. Certains de ces auteurs sont pourtant connus. L'écrivain. Pavel M. Leonid Brejnev devait commencer ce mardi 30 mai une « visite officielle et amicale » en Tchécoslovaquie. De Prague, il se rendra à Bratislava, puis à Karlovy Vary, où Mme Brejnev fait une cure depuis le début du mois. (A.P.) cerdans une partie de la société un tel sentiment d'impuissance que Ou aventuriers créer des Brigades désespérés Ja terreur que rouges tchécoslovaques ou une sorte de R.A.F. Et alors la sécurité d'Etat se verrait justifiée de recourir de nouveau à la terreur que l'on a bien connue dans les années 50. Nous savons comment elle s'est développée : on a d'abord retrouvé, dans les forêts, des cadavres d'adversaires politiques qui avaient été liquidés par des individus du genre de Pich-Tuma (4) et d'autres membres de la sécurité qui ne furent jamais punis pour leurs méfaits. Puis on assista à des condamnations à mort dans des procès engarestaurer l'autorité de la loi dans notre pays et empêcher une vague de terrorisme qui n'épargnera personne. Après l'échec de police dans la lutte contre les terroristes en Italie, le ministre de l'intérieur a donné sa démission. En sera-t-il de même chez nous ? fofore accom (1) Ancien dirigeant du P.C., élu à la tête du comité central au XIVe congrès tenu en août 1968 pendant l'intervention soviétique. (2) Ancien membre du présidium du P.C. et président du Front national en 1968. (3) Historien. (4) Agent de la sécurité, accusé d'assassinat, mais jamale condamné par la justice.